
D’origine Italienne, né en France, Sanseverino voyage beaucoup avec son père. C’est en Europe de l’est qu’il découvre la musique tzigane avant de devenir un admirateur inconditionnel de Django Reinhardt. Il apprend en autodidacte la guitare et le banjo cinq cordes, en travaillant énormément. Après avoir vécu à Mulhouse, il s’installe à Montreuil. C’est là qu’il enregistre « Montreuil / Memphis », un album très électrique et très actuel qui voit le jour en septembre 2017. Rencontre avec un homme entier, généreux, travailleur, ouvert aux autres et reconnaissant avec les siens.

Es-tu toujours engagé en politique ?
« Plus ça va, plus je m’en détache… Je n’ai pas l’impression d’avoir perdu du temps mais je m’aperçois que les gens sur lesquels j’ai tripé ne tiennent jamais leurs promesses. Ça devient de plus en plus inintéressant pour moi et j’ai plutôt envie de m’engager avec des associations quand je peux. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile. Pour être engagé réellement, il faudrait passer l’année à ça, comme avec le D.A.L. (Droit Au Logement) qui sont des gens qui luttent toute l’année mais je manque de temps. On demande de l’aide à des artistes connus, ils n’ont pas beaucoup de temps. Alors être utile à quoi ? Je n’en sais rien. J’ai l’impression que je serais utile si je fais un concert de soutien pour une petite association qui a besoin d’avoir un peu plus de crédibilité en montrant que les artistes sont impliqués. Là je suis parrain de quelques trucs, notamment d’une asso qui accueille des réfugiés en Normandie. Je suis ravi de leur donner mon nom mais finalement je ne fais pas grand-chose. »

Que penses-tu de l’état de notre planète ?
« Je suis allé il y a quelques temps au Groënland faire un voyage artistico- environnemental. Je me suis aperçu que le réchauffement climatique a commencé depuis 1920 ou 30. Il a été accentué par la méga industrialisation qui ne date pas d’hier avec les usines construites après les guerres. Tout ça a commencé à entamé ce truc qui est fragile depuis longtemps. Je veux dire que les voitures que l’on dit hybrides ne vont pas aider à grand-chose pour ça maintenant, si ce n’est aider à déculpabiliser les bobos. Tu sais ça c’est un lobbying aussi, mais je ne nie pas le réchauffement climatique. »

Revenons sur la BD « Papillon » qui accompagnait ton précédent album
« La BD est sortie il y a un peu plus d’un an et demi. Ce sont mes textes et paroles de mes chansons. La scénariste c’est ma femme, Cécile Richard. Sylvain Dorange, notre voisin, est l’illustrateur, c’est un truc de quartier. Initialement Sylvain devait illustrer la pochette de l’album et 5 vignettes pour le livret. Finalement, je lui ai demandé de faire une BD.»
La scène Française est riche mais nous avons aussi une scène locale dans nos villages toute aussi riche. Qu’en penses-tu ?
« Oui, j’essaye de donner un coup de main aux artistes émergents et locaux et quand c’est possible de travailler avec les gens du coin. Tu vois quand tu regardes TF1 tu te dis y’a pas grand-chose artistiquement en France et quand tu ouvres le programme des associations locales tu t’aperçois qu’il y a énormément de trucs bien. »

Peux-tu nous parler de l’opéra « Qui de l’homme ou de la femme… » qui est une histoire un peu folle ?
« Oui c’est un truc de malade mental, on nous a proposé à Cécile et moi de nous prêter un orchestre symphonique en nous disant faites ce que vous voulez avec. Alors pour profiter de ça, on a essayé de s’essayer à la compo pour symphonie et on a écrit une série de 12 chansons qui parlent de ce que l’on appelle l’opéra de couple : l’homme, la femme et leur rapport dans le couple. On se pose la question qui de l’homme ou de la femme a le plus de plaisir ? On met en scène un couple à travers deux autres personnages, Fred Nevche et Cyril Zakoff, deux slameurs. Ils seront les arbitres de notre conflit et à un moment ils vont nous dire «Puisque vous n’êtes pas d’accord, l’homme devient la femme et la femme l’homme.» C’est un travail d’écriture paroles et musiques et aussi un travail pédagogique qui est fait par quatre conservatoires : Boulognesur-mer, Arras, St-Omer et Calais. Ça représente 75 personnes. La dernière représentation a été jouée fin mai 2017, nous avons proposé le projet à d’autres conservatoires. »

Parlons de ton album « Montreuil / Memphis » sorti le 22 septembre dernier
« C’est un album assez électrique qui tire vers le Blues et la Louisiane. C’est assez cuivré, il y a beaucoup de gratte électrique, c’est un album assez chaud. C’est moins spécialisé que Papillon, c’est beaucoup moins une niche. Je suis sorti de chez Sony quand j’ai fait Papillon, pour eux ce n’est pas un album. Montreuil / Memphis est un album qui raconte des histoires. Il y a des références à Eddie Louis et aussi à un groupe qui s’appelle Mardi Gras Brass Band. Y’a aussi une chanson qui fait référence à une fausse étape du tour de France. Le tour de France que j’ai commenté, j’aime bien j’y vais pour mes vacances. »