
Un petit tour chez nos voisins et amis Suisses pour le Paléo Festival. Daniel Rossellat, directeur du festival, en est le créateur avec une bande de potes. Le premier a eu lieu en 1976 et se nommait « First Folk Festival ». Il réunissait déjà 1 800 spectateurs dans la salle communale de Nyon. Pour cette 43e édition, 230 000 festivaliers sont attendus sur 6 jours, du 17 au 22 juillet. Daniel organise son premier concert en 1973 à l’âge de 19 ans. Très vite il se rend compte qu’organiser un festival serait plus adapté à son public.

Au départ, aurais-tu pensé en arriver là, en 2018 ?
« Bien sûr que non. On rêvait d’un festival, on a commencé petit à la salle communale puis au bord du lac et en 1990 nous rejoignons la plaine de l’Asse. Pour nous, le bonheur c’était d’avoir 10 000 spectateurs en un soir, ça paraissait difficile à atteindre et maintenant c’est le plus beau de nos rêves. »
Économiquement, Paléo est devenu une vraie P.M.E. avec 63 personnes employées à l’année, dont une dizaine de stagiaires, et 4 800 collaborateurs bénévoles.

Sur le site de 84 hectares, en dehors des scènes, il y a beaucoup de stands d’associations caritatives. C’est une chose qui te tient à cœur ?
« Oui, depuis le début nous avons laissé une place pour des O.N.G. (Organisations Non Gouvernementales), ou des institutions, organismes qui avaient des valeurs proches du festival ou qui défendaient des causes pour lesquelles il fallait avoir une affection, ou en tous cas, estime et respect. Pour nous c’était une évidence. Chaque année nous avons le village du monde avec une nouvelle thématique. On essaie de trouver un organisme caritatif sur lequel on va pouvoir donner un coup de projecteur et mettre en valeur le travail que ces gens font. »

Tu es très sensible aussi à l’environnement ?
« Pour nous, depuis le début, le respect de la nature est une valeur fondamentale du festival. On a déjà fait de gros efforts nous-même en commençant par le tri de nos déchets. Depuis 20 ans, nous faisons un travail de sensibilisation et de communication auprès des spectateurs, sans être moraliste non plus, ça reste une fête. »

La sécurité est une priorité aussi ?
« Là, les choses ont beaucoup évolué. Il y a un certain nombre d’années, personne ne voulait voir d’uniformes. Maintenant, une présence bienveillante de la sécurité est appréciée, c’est un élément essentiel. Elle peut gâcher la fête si elle est mal organisée, un accident ou un problème peut tuer le festival. Du coup tout se fait en bonne intelligence. »

Est-ce que le portrait d’un festivalier a changé au fil des années ?
« Je pense que les choses sont les mêmes. On a de la chance d’avoir des festivaliers qui ont envie de faire la fête, qui aiment la musique, qui sont plutôt ouverts, curieux et tolérants. C’est un espace de grande convivialité. Par contre, il y a eu des évolutions de style musical et d’habillement. Les valeurs du festival sont restées et il y a beaucoup d’ondes positives. Nous ne sommes pas en dehors du monde mais à l’intérieur du site tout semble plus sympathique. »
Paléo est un festival où l’on fait des découvertes de genres musicaux. Outre les vedettes, Daniel et ses programmateurs, invitent des artistes peu connus. Ils se mélangent avec les têtes d’affiches, c’est un réel tremplin pour eux et une belle opportunité. C’est le but aussi du festival et ça plaît au public qui va de scène en scène.

Daniel, tu as reçu le Lifetime Achievement Award et pour le festival le Health and Safety Innovation. À quoi cela correspond-il ?
« Le Lifetime, c’est pour mes 45 ans d’organisation de concerts et festivals. C’est le prix pour l’ensemble de ma carrière. Ça ne veut pas dire que c’est un appel à la retraite, je ne suis pas pressé. L’autre est liée à l’approche de la sécurité où nous sommes assez innovants dans ce domaine, notamment dans les mesures pour la menace terroriste où nous avons une approche un peu différente des autres. On essaye de faire en sorte qu’il n’y ait pas un climat anxiogène, avec des mesures discrètes qui fassent que les spectateurs se sentent bien. »
Paléo est un peu comme un musée avec des expositions temporaires et des thématiques autour du village du monde, qui, cette année est sur l’Europe du sud. La ruche, pour les jeunes de 3 à 90 ans, avec les arts de la rue et du cirque, sur le thème burlesque, et tellement d’autres seront développés au gré de votre parcours entre scènes, artistes et découvertes.

Pour en finir, Daniel après 45 ans que pourrais-je te souhaiter pour les 45 années à venir ?
« Que ça continue dans le même esprit, dans le respect de nos valeurs et avec du soleil… »
Au programme : Depeche Mode, Gorillaz, Indochine, Lenny Kravitz, Orelsan, Jain, Bernard Lavilliers, The Killers…
et bien plus encore sur yeah.paleo.ch