
La cuivrerie de Cerdon a été rachetée en 2018 par le Département. Le but étant de sauvegarder ce patrimoine qui a fait les beaux jours de la cuivrerie qui vit le jour en 1867. C’était un moulin géré par les frères Main qui l’ont transformé en cuivrerie. Leur principale activité était la fourniture de bassines en cuivre pour la filature de la soie de Tomioka au Japon, la plus grande au monde en cette fin de XIXe siècle.

Dans les années 1900, la cuivrerie compte une soixantaine d’ouvriers, elle a très vite prospéré et 3 roues à aube, alimentées par la petite rivière « la Suisse », actionnent les rouages de la cuivrerie qui fonctionne alors avec des poulies et des courroies en cuir. Elle était reconnue à l’échelle nationale mais aussi internationale. Des pièces uniques étaient fabriquées pour les plus grands hôtels et palaces du monde, mais aussi de l’orfèvrerie culinaire qui faisait partie des arts de la table des plus grands restaurants. Une des productions des plus importantes se faisait pour les marchés de l’Orient. Il y a eu aussi des pièces faites en grandes séries souvent pour la cuisine et également des objets de décoration. La cuivrerie possédait sa propre forge qui servait à fabriquer les outils des dinandiers et à recuire les objets. Les années passent et la cuivrerie périclite, le modernisme en est en grande partie la cause. En 1980, deux habitants de Cerdon, Maurice Goy et André Lathuilière, la rachètent. Ils y voient une manière différente de l’exploiter. Ils remettent le site en activité et l’ouvre au public, le lieu devient touristique, on peut le visiter et voir les ouvriers travailler, on peut y acheter des objets souvenirs mais aussi culinaires. On pouvait même faire l’entretien de ceux-ci, dont le rétamage. En 2007, la cuivrerie obtient le label « Entreprise du Patrimoine Vivant » mais il ne suffira pas à sauver l’entreprise. Hélas, en 2010 elle fermera ses portes.

C’est après 2015, au changement du Conseil départemental que naît le projet de rachat. Damien Abad en est à
l’origine, il souhaite sauver la cuivrerie. Jean Deguerry, arrive en tant que Président en 2017 et prend le relais de ce dossier afin de continuer l’action et d’aller au bout des choses. Le but de cet achat est bien sûr de continuer l’histoire et de garder la mémoire d’un patrimoine unique au monde. Le but est de réaménager la cuivrerie en musée vivant. On y produira des objets avec un savoir-faire français d’excellence, on verra des gens travailler, ce sera un peu comme un écomusée, l’âme du passé sera conservée. L’histoire complète sera retracée tout au long de la visite. C’est un nouveau souffle pour la cuivrerie et surtout pour ses anciens ouvriers.

Le projet verra le jour en 2022. Pour cela, beaucoup de travaux sont prévus pour réhabiliter le bâtiment. Le Département a inscrit les travaux dans le Contrat de Plan Etat Région, ce qui veut dire que la région et l’état participeront aux travaux. Le coût est d’un peu moins de 6 millions d’euros et le Département en investit 2 millions. D’autres soutiens sont mis en place autour du projet comme La mission Bern (Loto du Patrimoine). Effectivement la cuivrerie fait partie des 121 monuments sélectionnés pour le Loto du Patrimoine et jusqu’au 12 décembre des tickets de jeux sont en vente et les recettes seront redistribuées. Une souscription publique est également en place avec la Fondation du Patrimoine pour la rénovation des 3 roues à aube, de la forge, des machines et des outils.

Le 16 novembre dernier, le Département donnait rendez- vous aux habitants de Cerdon, aux Aindinois et autres intéressés pour une dernière visite de la cuivrerie dans son jus. Ce sont plus de 2 000 personnes qui ont souhaité visiter une dernière fois la cuivrerie avant que les travaux ne commencent en 2020. Une grande fête était organisée tout au long de cette journée. Artisans, producteurs locaux, associations, musiciens, fanfares ont assuré l’animation. C’est dans une salle des fêtes archi comble que Maurice Goy a retracé 29 années au sein de la cuivrerie de Cerdon. Les élus ont quant à eux présenté le projet de la Nouvelle Cuivrerie.

Question à Jean Deguerry, président du Conseil départemental de l’Ain
Jean Deguerry, pourquoi conserver la cuivrerie de Cerdon et vouloir que son histoire continue?
Il fallait vraiment cultiver cette histoire ou cette mémoire de ses savoir-faire et derrière, on y voit une convergence, puisque l’on veut que notre département soit aussi touristique. Cerdon est un village central, atypique avec ses vignes, cette cuivrerie, à côté nous avons Jujurieux et les soieries Bonnet, il y a des circuits qui peuvent être mis en place pour que les touristes viennent visiter ce coin-là. À terme, on réfléchit pour mettre en place des Pass qui puissent permettre de faire des visites autour de ce lieu.
Le projet est bien en route autour de la cuivrerie. Rendez-vous en 2022 pour pouvoir à nouveau découvrir ou redécouvrir ce patrimoine que nous avons à deux pas de chez nous.
www.ain.fr/un-nouveau-depart-pourla-cuivrerie-de-cerdon/ www.fondation-patrimoine.org